lundi 2 avril 2018 | By: Morgane Stankiewiez

Chronique Littéraire - L'Empire des Chimères de Philippe-Aurèle Leroux

Une fois n’est pas coutume, je reviens vers vous avec une chronique littéraire, pour l’Empire des Chimères, de Philippe-Aurèle Leroux, paru aux éditions Le Grimoire. Il s’agit d’un livre de fantasy antique, à l’époque de la Rome impériale.

Selina valide !
Le résumé :

Le culte de Mithra se propage dans les légions romaines des Alpes. Le vétéran Decimus Valerius n'a d'autre choix que de s'y initier et d'en apprendre les mystères pour devenir, un jour, centurion.

La nuit, Briana, fille cadette du proconsul de Rhétie, observe d'étranges étoiles qui filent vers le Mons Caeli. À force de ténacité et de persuasion, elle parvient à obtenir l'autorisation de s'y rendre sous l'escorte de Decimus. Les ordres donnés à ce dernier sont clairs : la jeune femme ne doit jamais atteindre son objectif.

Gurnt est rejeté par les jeunes guerriers de son village qui n'acceptent pas son étrange apparence féline. Il lutte contre une violence sourde qui lui ronge le cœur, fait bouillir son sang, enchaîne son âme et obscurcit son avenir...

Alors que le Mons Caeli paraît être le point d'orgue de toutes les ambitions et de tous les secrets, se pourrait-il qu'il en soit aussi l'origine ?

La chronique :

Comme le résumé l’indique, on suivra trois personnages résolument différents à travers tout le récit, avec une alternance de points de vue, classique de la fantasy exploité ici avec efficacité, notamment parce que chaque personnage est très bien caractérisé. On a ainsi une fille de famille patricienne, cultivée mais encore immature, un soldat qui a roulé sa bosse et un adolescent barbare en quête d’identité. J’ai personnellement une préférence pour Decimus, le militaire, car particulièrement complexe et dénué de manichéisme. Le genre de personnages que j’aime beaucoup et que l’on retrouve trop rarement dans ce type de textes.

Le début du roman semble classique, mais s’écarte de ce classicisme par à-coups, et c’est tout l’intérêt du texte. Celui-ci s’ancre dans l’histoire et la fantasy, pour très vite sortir des sentiers battus et surprendre le lecteur. Cela se fait d’abord par petites touches bienvenues, puis de manière plus flagrante, ce que je n’aborderai pas plus en détail pour ne pas gâcher ladite surprise.

Le ton est tantôt sombre, tantôt léger, ce qui permet de nous proposer un univers violent et des personnages particulièrement cruels, sans tomber dans la caricature ni oppresser le lecteur. On ne rentre ainsi jamais tout à fait dans la dark fantasy, tout en restant dans l’esprit de la Rome impériale. Une plongée un peu plus noire ne m’aurait pas dérangé, mais c’est là une question de goûts.

En parlant de Rome, l’univers est particulièrement fouillé et travaillé. Un glossaire, à la fin de l’ouvrage, permet d’ailleurs de nous y retrouver dans les locutions et termes latins, suffisamment nombreux pour nous immerger dans le récit, sans prendre des allures de livre d’histoire. C’est très appréciable.

Enfin, des illustrations de belle facture habillent le récit par moments, un plus toujours bienvenu.

En conclusion :

Il s’agit d’un très bon texte de fantasy historique, à cheval entre plusieurs genres et qui m’a rappelé la découverte de cette littérature, il y a des années de cela. C’est typiquement le genre d’ouvrages que je dévorais et dont je me suis un peu détaché avec les années. Cette replongée n’en a été que plus agréable, d’autant que l’auteur évite soigneusement la redite et innove sur beaucoup de points.

Une très belle découverte que je conseille aussi bien aux amateurs de fantasy que d’historique et d’antiquité.